Si je n'avais qu'une chose à demander
Si je n’avais qu’une chose à demander, ce serait d’avoir passé plus de temps avec lui, d’avoir appris plus que je n’ai entendu. Il aurait pu me soigner, me guérir de mes doutes et de mon ignorance, m’absoudre de ma rage. Mais non, je l’ai et je la garde… Et pour longtemps, j’ai l’impression.
Alors maintenant que les choix n’appartiennent plus qu’à moi, que personne n’est laissé pour prier et veiller de loin sur moi, me protégeant des mauvais choix, je dois agir, passer la deuxième et réaliser où j’en suis. Croyant ou non-croyant. Soumis ou non soumis. Musulman ou non musulman. Où commence l’infidélité, où s’arrête la tolérance ?! Ou plutôt où commence la vie et où s’arrête la religion ?! Difficile de lier les deux à 22 ans… Chacun pour soi, Dieu pour tous qu’ils disaient de toute façon… Je dois me dire maintenant que j’ai été chanceux d’avoir cet homme formidable pour veiller sur moi mais qu’à présent, je suis un garçon normal. Ni plus ni moins béni qu’un autre.
Eh oui, la réalité est dure à affronter de face quand on n’a toujours été confronté qu’à sa petite sœur, la providence - cette étoile qui du haut des prières et bénédictions de mon grand-père veillait sur moi et me guérissait lorsque j’aurais dû disparaître. Je suis heureux de l’avoir connue. Mais aujourd’hui, je me sens si faible sans elle et sans son père que je souhaiterais ne l’avoir jamais connue. Non jamais. Et pourtant…
Sans elle, je n’aurais jamais appris à prôner la vérité, à espérer sans rien attendre en retour, à offrir en partage cette lueur qui m’a fait vivre, ce récif qui à la surface de mon désespoir m’a souvent rappelé cette terre promise, où la lumière dans son infinie grandeur, n’a pour limite que l’horizon.
Aujourd’hui je dois quand même remercier mon grand-père de m’en avoir fait goûter les bienfaits. Mais malgré tout qu’est-ce que c’est dur de savoir que c’est fini… Plus de bénédictions, plus d’étoile, plus de providence, plus de guide… Et que de gâchis. Que de gâchis !!! 22 ans et pas une parole de mon grand-père !!! Non, pas une conclusion que je puisse être sûr de tirer de ses enseignements. Pas une. Que souvenirs, dires et ouï-dire. Rien de plus.
Tu étais trop jeune pour te rendre compte de la valeur du temps qui t’était imparti avec lui, et lui trop vieux lorsque tu compris enfin, pour te faire bénéficier de son érudition.
A présent il est trop tard pour les regrets et trop tôt pour le repentir.
Non, je ne devrais pas le ressentir, pas si violemment, pas si vivement. Je ne pouvais pas savoir… Aujourd’hui tout ce que je ressens n’est qu’amertume et regret. Il n’aurait pas voulu ça pour moi, je le sais.
Oui, mais il ne pouvait pas savoir que tu cherchais plus… Il ne pouvait pas deviner que ton cœur était différent, que durant ta plus tendre enfance, tu dansais déjà avec les idéaux de sa jeunesse. Tu as tes amis et tes parents pour te soutenir aujourd’hui. Ils sont ta clé pour parvenir là où ton grand-père aurait aimé que tu te trouves avant qu’il ne te quitte.
Mais pourquoi ?! Pourquoi il ne m’a pas montré le chemin lui-même ?!
Comment ça il ne t’a pas montré le chemin ?! Toutes ces prières, toutes ces bénédictions, sa générosité, les bienfaits dont il vous a comblés, toi et ta famille, d’où viennent-ils tu crois ?! Il a parcouru du chemin avant de trouver sa voie… Et il te l’a montrée. Crois-moi. Ouvre ton cœur, c’est tout.
Tu y arriveras.
No comments:
Post a Comment